Aujourd’hui, j’ai traversé le lac. J’ai revêtu mon corps d’athlète en devenir d’un wetsuit pour ne pas mourir frigorifiée au milieu de ma traversée, et j’ai sauté. 

Mon chum m’avait lancée l’idée quelques minutes avant. Pourquoi pas, me suis-je dit, innocemment. Je suis partie avec légèreté. Après quelques minutes, j’ai réalisé que le wetsuit me gardait le corps au chaud, mais qu’il m’empêchait de compléter mes mouvements de bras, que l’eau entrait par les manches qui n’étaient pas ajustées, ce qui me ralentissait considérablement, que je ne sentais déjà plus mes orteils (ils sont devenus blancs à la simple idée de se baigner). Pas si légère et innocente, cette traversée. Le vent était bien présent. Les vagues aussi. Et c’est après avoir avalé une énième gorgée d’eau, les vagues frappant mon visage de côté, sans relâche, que je me suis amusée à faire le parallèle entre cette traversée et ma vie. J’avance avec un style incertain – petit ouaouaron à la patte cassée, seule image qui me vient en tête – à travers les vagues, le vent, le froid, vers une destination que je ne vois pas tout à fait, loin devant. J’aurais pu choisir de remonter dans le bateau ou même de rester au quai. Mais j’aime les défis. J’ai envie de foncer, d’avancer. Avant même de traverser, dans toute mon innocence, je me voyais arrivée, de l’autre côté. Et c’est cette image que j’ai repassée mainte fois dans mon esprit en avalant les vagues du lac Vaudray (Merci à Anthony Robbins que je lis ces jours-ci). J’allais réussir. Je l’avais vu. Il ne suffisait que de continuer, que de faire glisser mes pattes de ouaouarons aussi loin que le wetsuit me le permettait et aussi longtemps qu’il le fallait pour y arriver. Constance, détermination. Et vous savez quoi? Mes pieds sont d’une blancheur cadavérique, mais j’y suis parvenue. Mylène Paquette. Ou presque. J’en suis fière.

Je me suis demandée pourquoi j’avais accepté de mettre le wetsuit des années 70, bleu électrique et raide comme la mort (j’étais bien loin du look recommandé par ma styliste pour me sentir puissante et inspirante). Et je me suis rappelé qu’on me l’avait conseillé pour me garder au chaud. Il me ralentissait, m’alourdissait (c’est en faisant ma remontée ô peu chic dans le bateau que j’en ai eu la première preuve; la deuxième en l’enlevant : plus lourd que mon plus jeune!) Ça m’a fait penser aux croyances, aux peurs qu’on porte en nous parce qu’elles nous donnent sécurité, confort, excuses. J’ai eu envie de l’enlever, de me libérer de mes chaînes. Hulk. Mais je me suis résolue à poursuivre ainsi. La prochaine fois, j’irai seule et laisserai le ouaouaron sur la berge. J’enfilerai mon costume de grenouille de compétition. Nue comme un vers. Plus d’excuse, d’handicap. Juste moi face aux éléments, à l’adversité. Mais bon, puisque je ne suis pas complètement masochiste, si je me décide à refaire la traversée du lac Vaudray, ce sera par une journée chaude, sans vent. Toutes les conditions joueront en ma faveur. Je n’ai plus besoin de prouver quoi que ce soit. Je sais que j’ai tout pour réussir et qu’il n’y a aucune raison pour que ce soit autrement que simple et agréable. N’est-ce pas?

 

« In other words, your behavior is not the result of your ability, but of the state that you’re in at this moment. To change your ability, change your state. To open up the multitude of resources that lie within you, put yourself in a state of resourcefulness and active expectancy—and watch miracles happen! »

 

Extrait de : Robbins, Anthony. « Re-Awaken the Giant Within. » Robbins Research International, Inc., 2013-09-06.