Aujourd’hui est une journée spéciale pour moi. Un anniversaire marquant. Celui de mon nouveau dos. Un an déjà. Douze mois qui ont transformé ma vie, mon quotidien.
Le 15 avril 2014, mon merveilleux neurochirurgien, que j’appellerai ici Woody dû à sa grande ressemblance avec Mr Allen, a travaillé six heures de temps à me visser, à six endroits, deux barres de titanium dans le dos. L4, L5, S1. Des vertèbres aujourd’hui bien fusionnées.
Le 15 avril 2014, Woody tentait de me fixer afin que je retrouve un peu de qualité de vie. Il m’avait bien dit qu’il n’y avait que 50% des chances que ça me soulage. Un coup de dé, qu’il disait. Et je pensais qu’un dé a six faces et que je préférais de loin le 50%. J’ai signé le papier et l’ai laissé me couper, greffer, visser, recoudre. Je me suis accrochée à l’idée de pouvoir marcher quelques mètres sans souffrir, à pouvoir prendre mes enfants dans mes bras, à glisser avec eux sur la neige, à sauter, à sursauter sans hurler. Je me suis accrochée à l’idée qu’il devait être possible, pour moi aussi, de ne pas sentir mes nerfs se coincer à chaque impact, de ne pas payer pendant plusieurs jours l’heure pendant laquelle j’ai poussé mon corps un peu plus loin, pour le plaisir. Juste un peu de plaisir.
Depuis un an, je suis passée par une gamme assez élargie d’émotions : craintes, angoisse, soulagement, joie, désespérance, frustration. Mon dos, lui, a subi son lot de douleur, d’ajustements, de réadaptation. Aujourd’hui, c’est la fierté et la joie qui remplissent mes journées. Fierté d’être passée à travers cette épreuve, fierté d’en avoir ressorti le maximum. Je suis une femme nouvelle – bionique comme dit mon chum. Ce n’est pas seulement mon dos qui s’est réparé, fixé. C’est tout mon être. Mes barres de métal ont soutenu mes rêves, mes envies, mes craintes, mes peurs. Du titanium de qualité, je vous le dis. Un dos qui soutient mon corps en entier, la tête et le cœur compris. J’y ai trouvé la force de suivre l’élan qui m’amenait vers une nouvelle rencontre avec moi-même : la femme d’affaires qui sommeillait en moi, l’entrepreneur, la consultante, la conférencière. Celle qui éprouvait une fierté de ce qu’elle accomplissait. Une femme solide. J’ai eu envie de réparer les autres, de les soutenir de mon métal. Solide. Je n’avais pourtant le droit que de soulever un poids de 10 lbs pendant de longs mois. J’ai décidé de faire à ma tête et c’est tout mon être que j’ai soulevé – je pèse à peine une plume (plus deux barres de titanium)! – à des niveaux insoupçonnés. Et je dois remercier tous les gens, ma famille et mes amis, qui m’ont aidée, de près ou de loin, pendant cette dernière année, qui sont venus me supporter, m’encourager, qui m’ont fait confiance. J’éprouve aujourd’hui une immense gratitude pour tout ce que j’ai reçu. Merci!
Ce matin, je suis allée danser. Pendant une heure, j’ai suivi, le sourire aux lèvres et une grande légerté au cœur, ma professeure de zumba. J’ai sauté, sautillé et sauté encore. Du bonheur. Beaucoup de bonheur. Merci Woody.
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